Un mois après, fin septembre, on retrouve le chantier de la cabane. Les différentes étapes sont organisées et planifiées par Alban.

La fuste arrive de Savoie par transport routier jusqu’à Fos. Le choix de Fos s’impose car le village possède un terrain permettant l’accès de la semi-remorque et le travail de l’hélicoptère.

Les différents éléments de la fuste et les matériaux annexes seront ensuite héliportés jusqu’au site de la cabane.

La fuste est née des mains d’Edouard Gibello, savoyard, fustier de son état et accessoirement moniteur de ski en saison hivernale. Il a construit la cabane chez lui, en Savoie, puis il l’a démonté en prenant soin de bien identifier les différents rondins qui constituent les murs et la charpente.

Pour gagner sur le temps de rotation de l’hélicoptère, les grandes fustes seront acheminées depuis Fos, les autres éléments depuis Labach de Melles. Ce qui nécessite de monter ces autres éléments à labach.

La solidarité joue à plein : les employés municipaux de Fos assurent un soutien à notre équipe de Melles en mettant à disposition personnel, tracteur et remorque pour acheminer les fustes à Labach. Un grand merci aussi à René SAGUET qui effectue une rotation Fos/Labach avec son tracteur.

En cette fin de soirée du premier jour, le parking de Labach déborde de sacs, planches, rondins, chevrons, bâches,….et 14 grandes fustes (8m) attendent sur le terrain de Fos.

Jour J1 : il fait beau. Alban a confirmé la veille au soir au cours d’un briefing (ça me rappelle le boulot d’avant) la venu de l’hélicoptère.

Le travail de réception des matériaux sur l’emplacement de la cabane n’est pas sans risques, autant pour l’hélicoptère que pour le personnel au sol. Mais tout se passe sans incident, le pilote maîtrise sa machine et nous sommes concentrés sur notre travail.

Les fustes s’empilent autour de leur futur emplacement.

un vrai micado
Un vrai micado

A la fin de cette journée, après 47 rotations d’hélicoptère, tout est à bon port (si on peut dire…), hommes et matériels.

Jour J2 : En ce début de weekend de septembre nous sommes une vingtaine sur le site. le groupe est divisé en trois. Un premier groupe débute le montage de la fuste sous la directive d’Edouard, un second poursuit la rénovation de l’ancienne cabane et le troisième, sous la conduite de Bruno, assure le captage d’une source et l’acheminement de l’eau jusqu’à la future cabane.

Dans un premier temps, La lisse basse est posée et fixée aux plots en béton.

Lisse basse
Lisse basse

Puis les rondins sont successivement empilés les uns sur les autres. Enfin, comme ça c’est facile à dire, mais il faut les soulever les bougres. Heureusement, il y a du monde, et des costauds…

L’étanchéité entre chaque rondin est assurée par du joint « P » agrafé dans la rainure taillée par Edouard à la tronçonneuse, rainure qui reçoit la génératrice du rondin inférieur.

étanchéité
étanchéité
empilage
empilage

Jour J3 : Il fait beau, et le samedi soir, « elle » prend forme.

"Elle" prend forme...
« Elle » prend forme…

Autour du chantier, c’est parfois « le grand bazar » pour ne pas dire « le gros bordel ». Il y a des outils dans tous les sens, des planches, des sangles, des pointes, des vis….

Et il n’y a pas d’outillage pour tous. Si vous avez le malheur de poser par exemple un marteau, ou le mètre à un endroit, vous pouvez être sûr que 10 secondes après, celui-ci aura disparu dans les mains d’un autre compagnon. Couvrant le bruit du groupe électrogène, c’est fréquemment qu’on entend « qui a le marteau ? » ou « qui a la visseuse ? ».

Mais tout se passe bien, toujours dans la bonne humeur. Et on peut aussi entendre, encore plus fort « c’est moins le quart, l’heure du Ricard ».

Jour J4 : Elle monte, elle monte. Les murs atteignent une certaine hauteur. A chaque tour, les rondins sont maintenus comprimés par des sangles à cliquets.

Compression des rondins
Compression des rondins

La hauteur devient conséquente. Mise en application de la physique par le plan incliné qui facilite la mise en place des fustes.

Comme les égyptiens au temps des pyramides
Comme les égyptiens au temps des pyramides

Edouard affine les ajustements.

Edouard à l'oeuvre
Edouard à l’oeuvre
Edouard à l'oeuvre
Edouard à l’oeuvre
Edouard à l'oeuvre
Edouard à l’oeuvre

Edouard, c’est l’homme de la situation. Bonne gouaille, toujours de bonne humeur, de l’énergie à revendre, il connaît bien son job et on sent qu’il prend du plaisir à faire son métier. J’admire son travail et sa patience, sachant s’adapter au tempérament de chacun de nous.

Jour J5 : Le ciel est dégagé ce matin mais l’air est frais. Un peu de rosée blanche tapisse le tour des tentes. Oui, parce que nous dormons sous tentes. Enfin, pas tous. Trois sont dans l’ancienne cabane. Dans l’espoir de voir débouler un soir, à la recherche d’un petit coin de paradis, des randonneuses espagnoles, ou roumaines, on ne sait pas trop. Mais ceci est une autre histoire.

Nous ne sommes plus que 10 bonhommes et ce jusqu’à la fin du chantier, les autres, par nécessité de travail ou de famille ont rejoint la vallée.

Au petit matin.
Au petit matin.

La technique est toujours la même : plan incliné.

Plan incliné
Plan incliné

Pendant que certains poussent, d’autres tirent.

Oh hisse, souquez matelot
Oh hisse, souquez matelot

Arrive la pose de la charpente.

La charpente est posée : ouf !
La charpente est posée : ouf !

Les chevrons sont plus faciles à poser. Le plus dur est fait.

Mickey
Mickey
Mika et Mickey sont sur un poteau
Mika et Mickey sont sur un poteau

Fin de journée. On la devine cette cabane. On s’y voit, les jours d’automne, en hiver sous la neige, au chaud, au calme, à observer la nature, loin du monde. Les cabanes me font rêver. Petit je construisais des cabanes. Le paysage, l’environnement faunique de celle-ci me rappellent les lecture de Sylvain Tesson « Dans les forêts de Sibérie » ou de Pete Fromm « Indian Creek ».

C'est beau
C’est beau
Fuste Melles
Dans les forêts de Melles

La charpente étant terminée, ce soir c’est « jour de fête ». Edouard nous propose une fondue avec ses produits de Savoie, fromages et vin blanc. La fondue sera mis en forme sur une torchère, la dégustation sous les étoiles.

La fondue en préparation
La fondue en préparation
La fondue en dégustation
La fondue en dégustation

La soirée se termine dans la cabane, la toiture recouverte d’une bâche parce qu’il pleut.

1ère soirée dans la fuste
1ère soirée dans la fuste

Jour J6 : les travaux se poursuivent. Le pain frais nous est monté par Alain qui chaque jour fait un aller/retour dans la vallée. Pour la cuisine, un tour de popote est mis en place. Chaque jour, ce sont 2 nouvelles personnes qui assurent repas et vaisselle pour le groupe. Il ne nous manque rien (peut être une cantinière ?) : les gigots de biche, de sanglier, de chevreuil, d’agneau, les saucisses,  les boudins, les andouillettes, les magrets, le foie gras se succèdent. Et le vin coule à flot. On pourrait se croire dans le petit village d’Asterix le gaulois.

Les repas
Les repas

En soirée, la première couche de la toiture est posée.

La toiture
La toiture

Au loin, la fumée de l’ancienne cabane monte au dessus de cheminée. C’est le test du poêle à bois. Et si deux randonneuses passent…..

ça chauffe
ça chauffe

Jour J7 : les uns aménagent l’intérieur, les autres poursuivent la couverture du toit. 10 tonnes de terre ont été montées pour réaliser le toit végétalisé.

Couverture du toit
Couverture du toit

Le ciel un peu couvert offre de belles lumières en fin de journée.

Belle lumière
Belle lumière

Jour J8 : Eux sont amoureux, ils ont fait du raffut toute la nuit. On ne sait pas bien ce qui s’est passé mais ce matin ils sont calme. Eux, ce sont Brioche et Capucine, les 2 ânes qui ont assuré sous la conduite de Sylvain quelques ravitaillements dans la vallée. Mais je crois bien qu’entre eux (entre Sylvain et les ânes), c’est fini. Sylvain a craqué, il ne veut plus faire « bourricotier ». Il est resté planté plus d’une heure dans le sentier. Grève des transporteurs. Vous connaissez ?

Brioche et Capucine
Brioche et Capucine

Aujourd’hui, c’est la mise en terre de la toiture. 8 tonnes ont été déversées, avec 2 seaux et la mise au point d’un téléphérique à seaux. Ca marche bien : 2 remplissent les seaux, 1 accroche les deux seaux aux mousquetons sur la corde porteuse. Ensuite, le « tireur » sur le toit fait venir les seaux à lui en tirant sur une corde, les passe au 2 préposés au déversement de la terre et signale à l’accrocheur qu’il peut rappeler ses seaux. Et ainsi de suite. Ca fait mal au bras. Mais la motivation est là et nous finirons la couverture à la nuit.

Téléphérique à seaux
Téléphérique à seaux
Téléphérique à seaux
Téléphérique à seaux

Sous le regard admiratif de Bertrand…

Bertrand
Bertrand

Jour J9 : c’est la dernière, ce soir nous descendons, ce soir, la toiture doit être recouverte de végétaux.

Je ne parlerai pas de la nuit passée. Bon, juste quelques mots. Habituellement, c’est Alban qui allume le groupe électrogène. Le réveille-matin quoi. Ce matin, rien. Silence (mis à part le ronflement habituel de mon voisin de tente). Je me lève, allume le groupe et jette un oeil dans la cabane. Ses habitants ronfle, les chiens se promènent, chacun une andouillette dans gueule. Ben oui, la fête c’est pour tout le monde. Hier soir, c’était la dernière et il fallait bien arroser ça. Et ce matin, le réveil est difficile…Mais rapidement, tout le monde se remet en selle, avec plus ou moins de facilité.

La toiture est couverte de myrtillers, de rhododendrons et de callunes prélevés dans l’environnement proche de la cabane. Le résultat est magnifique. En vue de dessus, il doit être très difficile de la repérer.

Toiture végétalisée
Toiture végétalisée
Jean-Michel au lancer de callune
Jean-Michel au lancer de callune

 

Il faut aussi vite terminer la pose de la porte des des fenêtres. Alban s’y colle.

Alban c’est le maître d’oeuvre de cette cabane. En accord avec la mairie il a pris la responsabilité de la construction. Il a su fédérer une équipe et a mener à bien ce projet. Chapeau, parce que rien n’était évident au départ.

Alban
Alban

Un autre personnage, c’est Henri 1 (oui, Henri 1, parce qu’il y a aussi Henri 2, le matelot). Il a donné Henri 1, tout comme Bertrand, « les anciens » du groupe.

Henri 1
Henri 1

Et sans oublier Bruno, le Nounours (fort et gentil) de l’équipe.

Bruno
Bruno

Oui, elle est bien cette cabane, parfaitement intégrée au site.

Intégration réussie
Intégration réussie

L’heure tourne. La mairie assure le paiement de 2 rotations d’hélicoptère pour descendre le matériel, surtout l’outillage du fustier, Edouard. En cette fin d’après-midi, c’est la course, tout doit être prêt avant l’arrivé de l’hélico. 16h00, la première rotation évacue le gros du matériel.

Descente du matériel par hélico
Descente du matériel par hélico

Le reste sera descendu par Capucine et Brioche. Nous quittons la cabane. Une belle aventure se termine. Reste la partie 3. Pour l’année prochaine. Ce sera le temps venu pour les finitions et l’inauguration.

Descente du matériel.
Descente du matériel.
Descente du matériel
Descente du matériel

Merci à tous ceux et à toutes celles qui, de près ou de loin, ont participé à cette aventure.

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3 commentaires

  1. Merci à toi Gérard pour ta présence très précieuse et pour cet excellent documentaire photo…

  2. Très très beau reportage , on se laisse captiver …
    Quand les hommes décident d’une belle aventure humaine , en voilà le résultat : de belles photos qui laissent transparaître un des plus beaux sentiments : L’ AMITIÉ ..

    Merci à tous, je suis fière de mon village ….le bien VIVRE ENSEMBLE ce sont de beaux moments partagés et il y en aura bien d’autres ….

    Annie Ayral

  3. Bonjour Gérard
    De très belles photos, une belle aventure , de belles rencontres ….content d’y avoir participé.
    C’est un petit coin de paradis ou je ne manquerai pas de retourner
    stephane

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