Et BAM !

B comme Beau, A comme Automne, M comme Montagne.

J’ai toujours profondément aimé l’automne. Certains y voient de la mélancolie ou de la tristesse, d’autres regrettent les chaudes journées de l’été. J’y vois plutôt le calme retrouvé. Il y a encore quelques randonneurs sur le GR10, mais, en dehors de cet itinéraire, il n’y a plus personne (encore faut-il choisir les journées sans chasse….). Même les estimes sont désertes.

Souvent, la neige a fait son apparition sur les hauts sommets. L’air est plus frais, plus limpide.

J’aime écouter le silence de la forêt ou le brame du cerf, ou le cri strident du pic noir.

Parfois, je pose mon sac sur une crête pour buller et observer les lumières qui se mettent doucement en place au petit matin.

Autre plaisir, m’assoir contre un arbre, capter son énergie, me fondre dans son tronc, oublier le « je », disparaître, ne plus exister…Vive l’automne.

Suivi de l’ours dans les Pyrénées

La vallée de Melles, est connue comme étant le lieu des lâchers des premiers ours bruns sur la chaine des Pyrénées (2 femelles en mai 1996 et un mâle en mai 1997, ours d’origine slovène). Et ceci, grâce à l’action et à la détermination du maire de l’époque, André Rigoni.

On peut être pour ou contre la présence de l’ours dans les montagnes. Le fait est qu’il est là, et c’est l’occasion d’expliquer très brièvement comment est organisé le suivi de l’ours dans les Pyrénées.

Photo ONCSF/ROB

Bien avant le premier lâchers, en 1983, le ministère en charge de l’écologie demande à l’ONCSF (Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage) d’assurer le suivi de la population relictuelle concentrée sur la partie Ouest de la chaîne. Pour se faire, l’ONCSF crée un réseau de correspondants : le Réseau Ours Brun (ROB).

Le ROB est un réseau d’observateurs (associations de protection de la nature, accompagnateurs en montagne, agents de l’ONF, agents d’une fédération de chasse, particuliers…, tous ayant suivi une formation dispensée par l’équipe permanente « ours » de l’ONCSF.

L’objectif du ROB est de récolter des indices de présence de l’ours. L’ensemble des données récoltées est ensuite analysé par l’ONCSF pour déterminer l’évolution de la population d’ours et son aire de répartition.

L’action du ROB est pilotée par l’équipe ours de l’ONCSF. C’est aussi cette équipe qui est habilité à établir les constats de dommages sur les troupeaux domestiques.

Les membres du ROB participent principalement à la recherche d’indices sur les itinéraires de prospection pédestre. 57 itinéraires sont ainsi parcourus 10 fois par an du mois de mai au moi de novembre.

Ces indices peuvent être :

Une empreinte : ici patte postérieure D
Des poils
Des crottes
Une prédation

Les autres actions permettant de suivre la population d’ours sont réalisées par l’équipe de l’ONCSF. Il s’agit du suivi des appareils photo/vidéo automatiques (visite mensuelle), des constats de dommages sur cheptels domestiques et la validation de témoignages.

A noter l’utilisation depuis quelques années d’un chien pour la détection de crottes d’ours.

L’ensemble de ces données permet à l’équipe ours de l’ONCSF d’établir un rapport annuel qui rend compte du bilan démographique, du bilan de prédation et de l’aire de répartition de l’ours sur les Pyrénées.

La montagne Zen…

J’aime bien ces sorties en montagne ou il n’y a pas de stress, pas de prise de tête sur le choix de l’itinéraire ou sur la stabilité du manteau neigeux (quoique là, c’est une interrogation qui revient souvent à l’esprit), pas de sac surchargé si ce n’est ce qu’il faut pour le confort de la pause, pas de quête de la performance.

Montée tranquille

Souvent seul, je cherche à dessiner dans la neige une trace esthétique. Parfois, je m’attarde à suivre celle d’un animal, en essayant de me mettre à sa place, à imaginer ce qu’il cherchait sur son parcours.

Il est passé par ici…

D’autres fois, je suis avec mes compagnons de montagne. Lui pour le ski de randonnée, elle pour la raquette à neige.

Comme on se connaît bien, les bavardages sont réduits au minimum. En fonction de la forme du moment, je trace, il ou elle trace dans la neige. Souvent, un échange du regard témoigne pour chacun le bonheur d’être là-haut.

C’est la pause, au bon moment, au bon endroit

Puis c’est la pause casse-croûte. Le moment de « chatibuller » au soleil, de reprendre des forces avant la descente. La vie se met en pause.

Une sensation d’espace
Une sensation de liberté

Ensuite c’est la descente. L’esprit se reconnecte au vivant. A skis, la descente demande une attention permanente. Il faut lire la neige, maîtriser sa trajectoire, interdire la chute. Avec des raquettes, on peut rester en mode « auto-pilote », d’autant plus si on se contente de suivre.

C’est la montagne Zen : se soustraire à la folie du monde, prendre le temps, admirer la beauté du paysage, partager le bonheur d’être là-haut.

Roos

« Il est des rencontres fertiles qui valent bien des aurores » René Char.

C’est la première fois que j’écris correctement ton prénom. Tu savais que c’étais moi dans les SMS parce que j’étais le seul à écrire « Ross ».

Je ne me souviens plus comment je t’ai rencontré. Mais je me rappelle être passé chez vous à Labach, à l’époque où je finissais ma maison. J’avais proposé de vous aider pour transporter des poutres. Vous deviez, avec Daniel, rénover le plancher de l’étage. Puis, vous étiez venus à la maison, pour un apéro dinatoire. Avec Anouk.

Ta maison à Labach

Au fil du temps, on avait appris à se connaître. Trop peu.

La maladie est arrivée. Mais rien n’a changé dans ta façon d’être et d’agir. Toujours le sourire, une volonté intacte, une passion pour ton métier de bergère et d’éleveuse de brebis, une passion pour la vie en montagne.

Un coup de Klaxon ou un signe de la main quand tu passais au bas de la maison.

J’étais venu voir ton exposition de photos à Fos. J’avais apprécié ton regard de photographe. Chez Patrice, après ton opération de la hanche, nous avions discuté et échangé nos lectures. J’avais vu tes dessins. Tu étais une artiste, un peu poète, cultivée, intelligente. 

Un peu de répit mais la maladie est revenue. Saloperie de cancer. 

On s’est revu, à la cabane du plan des Séderres, à Uls, à Auéran.  Je montais avec Pascale, René et Michel. Toi, tu avais pris de l’avance, montant seule la veille, dormant parfois sous ta minuscule tente. J’étais admiratif devant ta persévérance, ton courage, cette volonté de faire le job.

Avec Pascale et Michel dans le parc à moutons
Ta passion des brebis

Et puis les médecins t’ont donné 6 mois à vivre. Je suis venu passer une après-midi avec toi à l’oncopole de Toulouse cet automne. Je me souviens, tu m’avais dit  » à l’entrée, à droite, 2B ». Là, à l’accueuil du 2B, j’ai demandé à te voir. Tout le monde te connaissait, toi et Anouk et ce fut assez facile de te trouver. Tu étais là, dans une salle d’attente avec d’autres patients. Tu arrivais de Lez, un sandwich de 30 cm dans lequel tu mordais à pleines dents. Je me dis que tu as mordu dans la vie comme dans ton sandwich de ce jour là. Tu m’as dit, avec ton français aromatisé hollandais :  « je crève la dale. Je n’y crois pas aux 6 mois, je vais bien. Un peu crevée par les naissances (des agneaux), mais ça va ».

Tu m’as parlé de la prochaine saison en estive et aussi, avec lucidité, du temps qu’il te restait pour préparer Anouk à ton départ. Je t’ai accompagné dans la pièce ou tu recevais l’injection de la chimio. Tu ne voulais pas de la compresse de froid sur la tête. « Ça fait trop mal ce froid sur la tête. Tant pis pour les cheveux, je mettrai un bonnet« .  

Avec Gérald

Tu m’as raconté comment cet été tu es arrivée à l’oncopole avec la bétaillère transportant des brebis. Garée devant l’entrée de l’oncopole, toi et Anouk avez disposé un drap sur le toit de la bétaillère afin de limiter la chaleur à l’intérieur, pour le confort des brebis. Outre ta volonté, ton courage, ton sourire, un patient qui arrive avec ses brebis à l’hôpital, ils ne l’oublierons pas, ils ne t’oublierons pas.

En descendant d’Auéran

J’étais venu ce jour là pour te soutenir et c’est toi qui m’a donné une leçon de vie. Heureusement, dehors il faisait frais. En repartant, j’avais besoin de retrouver mes esprits. Je me sentais faible et petit devant ton courage et ta grandeur.

Tes montagnes

Je suis sûr qu’au cours de nos prochaines montées dans les estives, tu seras là avec nous, dans notre tête, dans notre coeur. Ou, quand je regarderai le soir depuis ma fenêtre le ciel étoilé au dessus du pic de la Taillare, des Coupets ou des crêtes de Seneviès, tu seras là, une étoile parmi les étoiles. « Il est des rencontres fertiles qui valent bien des aurores « .

Scènes de vie dans l’estive de Melles


La période d’estive s’échelonne en gros du 15 juin au 15 octobre. Ces dates varient en fonction des conditions météorologiques sur la montagne. Chaque semaine, les éleveurs montent voir les bergers et le troupeau. C’est l’occasion d’apporter quelques victuailles aux bergers, de contrôler l’état du troupeau et d’apporter des soins aux brebis blessées ou malades, de discuter des dernières nouvelles de la vallée, de décider de la date de changement d’estive et puis de boire un coup et de passer un bon moment de convivialité.

Voilà que depuis quelques années, j’ accompagne les éleveurs pour cette journée de visite à l’estive. J’y prends du plaisir. Je discute, j’écoute, j’apprends. Le pastoralisme fait partie de la vie de la montagne.

J’essaie de me rendre utile au cours de cette journée. Il m’est arrivé de descendre des agneaux dans les bras, de faire serre-file et de remettre sur le sentier des brebis vagabondes….peu de chose.

Ils (bergers et éleveurs) ont bien vu que j’étais devant une brebis comme une poule qui a trouvé un couteau. Alors cette année, quand le troupeau est rassemblé et que la visite sanitaire se déroule, ils m’ont trouvé une fonction : je remplis les seringues…en évitant de me piquer.

Mais j’ai toujours mon appareil photo, et je shoote. Merci à Pascale, Roos, René, Gérald et Marco.

Marco et Gérald, cabane d’Auran.
Cabane d’Auéran.
Pascale, descente d’Auéran.
Passage du Rieu Froid sous la cabane des Melloux.
Roos et Gérald dans la hêtraie sous les Melloux.
Arrivée à la cabane d’Aérant.
Troupeau au parc, cabane du Plan des Sédères.
Marco, cabane du plan des Sédères.
Pascale, sous le Tuc de Seneviès, descente sur Sacoste.
Descente sur les granges de Sacoste.
Cabane d’Uls, visite du troupeau. 
Uls, repos du guerrier.
Estive d’USL, Gérald content. 
René, descente d’Uls, traversée du ruisseau d’Auède.
Retardataires, descente d’ Auéran.

Melles : la tuaille du cochon.

Il m’arrive parfois, au retour d’une balade, de passer dire bonjour à René et Henri SAGUET. Ce jour-là, René m’offre quelques tranches de jambon. De son jambon. Enfin, du jambon de son cochon. René et Henri me racontent comment, dans le temps, ils élevaient, tuaient et transformaient le cochon à la ferme. C’était une coutume, dans les campagnes comme en montagne, qui se passait dans les mois les plus froids de l’hiver et qui permettait de nourrir une famille en viande et charcuterie pendant une année. Aujourd’hui, par manque de temps, ils achètent le cochon à un éleveur, puis l’abattent et le transforment à Melles. Et me voilà invité pour la « tuaille » du prochain cochon. Je réponds positivement à leur invitation, me disant que j’ai là l’occasion d’assister à l’un des derniers « tue-cochon » dans la vallée de Melles.

Jour J. Je ne suis pas le premier. Le cochon est déjà là. Il attend sa dernière heure dans la camionnette. Il ne fait pas bien froid. Juste ce qu’il faut.

Deux gros chaudrons, noircis par le temps et la fumée, sont placés au dessus d’un feu de bois. Ils sont remplis d’eau qui, une fois portée à ébulition, sera versée sur la dépouille du cochon pour une séance d’épilation.

L’eau de la toilette chauffe.

A l’entée de la maison, une autre marmite. Pas pour le cochon celle-ci, mais pour les voisins, amis, parents qui sont venus aider à la tuaille du cochon. Ça sent bon la garbure…Et apparemment, c’est Pierrot qui est chargé de vérifier l’état de cuisson de la garbure.

Alors Pierrot, elle est bonne ?

Les renforts étant réunis, la fin programmée du cochon peut commencer. Lui, le cochon, on devine qu’il a compris ce qu’il l’attend.

Il y a ceux qui tirent, ceux qui poussent, ceux qui soulèvent la bête, et à la fin, le cochon est posée à plat sur le fond de la maie qui a été renversée. La maie est une grande baignoire, en acier galvanisé, dans laquelle sera réalisée plus tard la séance d’épilation du cochon.

C’est bientôt la fin.

Je ne vais pas détailler la mise à mort du cochon. Mes grands parents pratiquaient cette coutume. Et enfant, vers 6 ou 7 ans, j’avais assisté à la mise à mort du cochon. Je me souvient des cris du cochon. Celui-là est resté silencieux. Mais rien n’a changé. La méthode reste pour moi assez violente. Il doit bien exister des solutions bien plus radicales.

Après le saignement, le sang est recueilli dans une bassine. Il servira à la fabrication du boudin.

Le cochon est ensuite placée dans la maie qui a été « stérilisée » au préalable par du papier journal qu’on fait brûler à l’intérieur.

« stérilisation de la maie »

L’épilation peut commencer. Cette opération, qui est plutôt une forme de rasage, consiste à placer le cochon dans la maie, de l’arroser d’eau très chaude et, à l’aide de racloirs, de retirer la soie (poils du cochon). Un système de chaînes, placées sous le cochon, permet de le tourner à la demande.

On verse l’eau chaude…
et on racle.

On fignole. Pas un poil ne doit rester.

La concentration est totale.
Dernier rinçage.

Après avoir retiré les ongles avec un crochet, la vessie, le pénis et testicules, une cheville en bois est placée dans une incision pratiquée derrière les tendons de chacune des pattes arrières. Le cochon est prêt à être suspendu.

Mise en place de la cheville en bois au niveau des pattes arrières
Le cochon est prêt pour être suspendu et vidé : 3 semblent satisfaits du travail réalisé et 2 s’en moquent royalement…

La préparation de nettoyage est terminée. L’échelle et son cochon sont placés verticalement. Il s’agit maintenant d’ouvrir le ventre et de retirer le système digestif, les poumons et le coeur.

Pierrot tient la patte du cochon. Sans doute pour le soutenir moralement…
Là Henri fait la grimace. Mais devant un saucisson, c’est tout autre…
Sous l’oeil affuté de Dédé, Cédric coupe les côtes.
Et du boulot pour les femmes qui sont en cuisine.

Et pendant ce temps…. Oui, parce que pendant ce temps, il y a des femmes en cuisine qui préparent de quoi faire le boudin. Et pour faire le boudin à l’oignon, elles pèlent des oignons. Croyez-moi : je suis rentré dans la cuisine et j’ai tenu 10 secondes. Après j’avais des larmes de crocodile, les yeux qui piquaient. Je n’avais qu’une hâte, c’était de ressortir de cette pièce. Et elles, 3 femmes, tranquilles, le sourire, continuaient à peler les oignons. « c’est une question d’habitude me dit l’une ». La bonne blague, je n’ai pas pu faire de photo, même l’objectif de l’appareil photo pleurait.

La tripaille est transporté dans la cuisine. Les vapeurs d’acide sulfénique se sont dissipées. Pour les femmes, c’est l’heure de trier et laver les boyaux qui serviront de contenant pour faire saucisses et boudins.

C’est comme dans un bloc opératoire au cours d’une opération de l’appendicite.

Le lavage des boyaux se fait à l’extérieur.

La pause du déjeuner arrive. Le cochon a été placé dans la grange pour que la viande repose avant la découpe. Moi je devais rentrer, mais je vous assure que le repas préparé pour les convives était gargantuesque.

Fin de la première étape.

Sûr que le repas qui a suivi devait être animé. J’ai appris plus tard qu’il s’était terminé bien tard dans l’après-midi…Heureusement, le cochon était bien mort et il n’ y avait aucun risque qu’il s’échappe.

Le lendemain est consacré à la transformation du cochon par la réalisation de pâtés, saucisses, boudins, jambons….rien ne se perd. Dans le cochon, tout est bon.

Voilà une coutume qui est appelée à disparaître dans cette vallée de Melles

Nouvelle cabane pour les bergers

L’estive du Crabère est située sur la commune de Melles. 1300 brebis y sont en « estive » de mi-juin jusqu’à mi-octobre (en fonction des conditions météorologiques). Au fil des semaines, le troupeau se déplace sur l’estive : cabane du Plan des Sédères, cabane d’Uls et cabane d’Auéran. Continuer la lecture « Nouvelle cabane pour les bergers »

Hiver 2017.

Manque d’assiduité sur le blog et manque parfois de volonté pour trimbaler le boîtier…Juste quelques photos en ski de rando et raquette cet hiver.

Au dessus de Vilamos

Vers les étangs de Baciver

Comme son ombre

En quittant le refuge de la Rencluse pour l’Aneto

Du portillon supérieur, l’Aneto en point de mire

On approche…

Si vous cherchez le calme et la solitude, choisissez une autre sommet que l’Aneto.

Un régal.